Renaud
Hexagone
Amoureux de Paname (1975)

D(sus4)  Em \G Em  D  Em \G Em  w/ harmonica

Em
Ils s'embrassent au mois de janvier car une nouvelle année commence
                                                    D
Et depuis des éternités n'a pas tellement changé la France
Passent les jours et les semaines, y'a qu'le décor qui évolue
                                                          Em \G
La mentalité est la même, tous des tocards, tous des faux culs

Y sont pas lourds en février à se souvenir de Charonne
Des matraqueurs assermentés qui fignolèrent leur besogne
La France est un pays de flics, à tous les coins d'rues y'en a cent
Pour faire régner l'ordre public ils assassinent impunément               w/o \G

Quand on exécute au mois de mars de l'aut' coté des Pyrénées
Un anarchiste du pays basque pour lui apprendre à s'révolter
Ils crient, ils pleurent et ils s'indignent de cette immonde mise à mort
Mais ils oublient qu'la guillotine chez nous aussi, fonctionne encore

  Em                            D
  Être né sous l'signe de l'Hexagone
                                        Em
  C'est pas c'qu'on fait d'mieux en c'moment
                             D
  Et le roi des cons sur son trône
                           Em
  J'parierai pas qu'il est allemand

On leur a dit au mois d'avril à la télé, dans les journaux
De ne pas s'découvrir d'un fil, qu'le printemps c'était pour bientôt
Les vieux principes du seizième siècle et les traditions débiles
Ils les appliquent tous à la lettre, y font pitié ces imbéciles

Ils se souviennent au mois de mai d'un sang qui coula rouge et noir
D'une révolution manquée qui faillit renverser l'histoire
J'me souviens surtout d'ces moutons effrayés par la liberté
S'en allant voter par millions pour l'ordre et la sécurité

Ils commémorent au moi de juin un débarquement d'Normandie 
Ils pensent au brave soldat ricain qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui
Ils oublient qu'à l'abri des bombes les Français criaient « vive Pétain »
Qu'ils étaient bien planqués à Londres, qu'y avait pas beaucoup d'Jean Moulin
 
  Être né sous l'signe de l'hexagone
  C'est pas une gloire en vérité
  Et le roi des cons sur son trône
  Me dites pas qu'il est portugais

Ils font la fête au mois d'juillet en souvenir d'une révolution
Qui n'a jamais éliminé la misère et l'exploitation
Ils s'abreuvent de bals populaires, d'feux d'artifice et de flonflons
Ils pensent oublier dans la bière qu'ils sont gouvernés commes des pions
 
Au mois d'août c'est la liberté après une longue année d'usine
Ils crient « vivent les congés payés » ils oublient un peu la machine
En Espagne, en Grèce ou en France, ils vont polluer toutes les plages
Et par leur unique présence abîmer tous les paysages
 
Lorsqu'en septembre on assassine un peuple et une liberté 
Au coeur de l'Amérique latine, y sont pas beaucoup à gueuler
Un ambassadeur se ramène, bras ouverts il est accueilli
Le fascisme c'est la gangrène à Santiago comme à Paris
 
  Être né sous l'signe de l'Hexagone
  C'est vraiment pas une sinécure
  Mais le roi des cons sur son trône
  Il est français ça j'en suis sur
 
Finies les vendanges en octobre, le raisin fermente en tonneaux
Ils sont très fiers de leurs vignobles d'leurs côtes du Rhône et d'leurs Bordeaux
Ils exportent le sang de la terre un peu partout à l'étranger
Leurs pinard et leurs camemberts c'est leur seule gloire à ces tarés
 
En novembre au salon d'l'auto ils vont admirer par milliers
L'dernier modèle de chez Peugeot qu'y pourront jamais se payer
La bagnole, la télé, l'tiercé, c'est l'opium du peuple de France 
Lui supprimer c'est le tuer, c'est une drogue à accoutumance

En décembre c'est l'apothéose, la grande bouffe et les p'tits cadeaux
Ils sont toujours aussi moroses mais y'a d'la joie dans les ghettos
La terre peut s'arrêter d'tourner, y rateront pas leur réveillon
Moi j'voudrais tous les voir crever étouffés de dinde aux marrons

  Être né sous l'signe de l'Hexagone
  On peut pas dire qu'se soit bandant
  Si l'roi des cons perdait son trône
  Y aurait soixante milliooons - de prétendaaants

D  Em  D(sus4)  Em  D Em  D Em (reste)