Renaud
Les charognards
Laisse béton (1977)

             D7              G  (bandonéon)
d^c  b b a g a   d d d b  a  g

(G)                C7                           G
Il y a beaucoup de monde dans la rue Pierre-Charron
Il est deux heures du mat', le braquage a foiré
J'ai une balle dans le ventre, une autre dans le poumon
               D7                            G
J'ai vécu à Sarcelles, j'crève aux Champs Elysées

Je vois la France entière du fond de mes ténèbres
Les charognards sont là, la mort ne vient pas seule
J'ai la connerie humaine comme oraison funèbre
Le regard des curieux comme unique linceul
  
                          C7                            G
  C’est bien fait pour ta gueule, tu n'es qu'un p'tit salaud
                      D7                             G
  On n'portera pas le deuil, c'est bien fait pour ta peau

Le boulanger du coin a quitté ses fourneaux
Pour s'en venir cracher sur mon corps déjà froid
Il dit "J'suis pas raciste, mais quand même les bicots
Chaque fois qu'y a un sale coup, ben y faut qu'y z'en soient"

"Moi Monsieur, j'vous signale que j'ai fait l'Indochine"
Dit un ancien para à quelques arrivistes
"Ces mecs c’est d'la racaille, c'est pire que les Viêt-minh
Faut les descendre d’abord et discuter ensuite"

  Refrain

Les zonards qui sont là vont s'faire lyncher sûrement
S'ils continuent à dire que les flics assassinent
Qu'on est un être humain même si on est truand
Et que ma mise à mort n'a rien de légitime

"Et s'ils prenaient ta mère comme otage ou ton frère ?"
Dit un père béret basque à un jeune blouson de cuir
"Et si c'était ton fils qu'était couché par terre
Le nez dans sa misère ?" répond l'jeune pour finir

  Refrain

Et Monsieur Blanc-Cassis continue son délire
Convaincu que déjà mon âme est chez le diable
Que ma mort fut trop douce, que je méritais pire
J'espère bien qu'en enfer je retrouverai ces minables

Je suis pas un héros, j’ai eu c'que j’méritais
Je ne suis pas à plaindre, j’ai presque de la chance
Quand je pense à mon pote qui lui n'est que blessé
Et va finir ses jours à l'ombre d’une potence

  Refrain (sa)

Elle n'a pas dix-sept ans cette fille qui pleure
En pensant qu'à ses pieds, y'a un homme mort
Qu'il soit flic ou truand elle s'en fout sa pudeur
Comme ses quelques larmes me réchauffent le corps

Il y a beaucoup de monde dans la rue Pierre-Charron
Il est deux heures du mat', mon sang coule au ruisseau
C'est le sang d'un voyou qui rêvait de millions
J'ai des millions d'étoiles au fond de mon caveau
 
                     D7             (ral.)   G    (reste)
J'ai des millions d'étoiles au fond de mon caveau