Hubert-Félix Thiéfaine
Sentiments numériques revisités
La tentation du bonheur (1996)

       a a            g a                x 3  (3e fois: w/ c <)
(a <)      g a f♯ e d     g a f♯ e / e

      D
Quand les ombres du soir chevauchent sur la lande
 A
Avec dans leurs passeports Sherwood ou Brocéliande
      Bm
Quand les elfes titubent sous l'alcool de sorgho
         A
Dans les cercles succubes de la Lune en faisceaux

      G
Quand les vents de minuit décoiffent les serments
    Bm
Des amants sous les aulnes d'un hôtel flamand
      A
Quand tes visions nocturnes t'empêchent de rêver
   Bm
Et couvrent ton sommeil d'un voile inachevé

          G       D          A         G              D
  Je n'ai plus de mots assez durs pour te dire que je t'aime

Quand les chauves-souris flirtent avec les rossignols
Dans les ruines d'un royaume où mon crâne est mongol
Quand les syndicats brûlent nos rushes et nos démons
Pour en finir avec le jugement des salauds

Quand Humpty Dumpty jongle avec nos mots sans noms
Dans le bourdonnement des câbles à haute tension
Quand tu m'offres épuisée sous l'oeil d'une opaline
Les charmes vénéneux de tes fragrances intimes

  Je n'ai plus de mots assez durs pour te dire que je t'aime

Quand les théâtres antiques recèlent nos orgies
Catal Hoyük airport, Manco Capac City
Quand nos murs se recouvrent de hiéroglyphes indiens
Avec nos voix blafardes en feed-back au matin

Quand tes mangoustes viennent avaler mes couleuvres
Dans ces nuits tropicales où rugit le grand oeuvre
Quand l'ange anthropophage nous guide sur la colline
Pour un nouveau festin de nos chairs androgynes

  Je n'ai plus de mots assez durs pour te dire que je t'aime

C   Bm   C  w/ solo  B5 B5   A5 A5

Quand les clochards opposent la classe et l'infini
À la vulgarité glauque de la bourgeoisie
Quand les valets de cour, plaideurs pusillanimes
Encombrent de leurs voix nos silences et nos rimes

Quand au détour d'un bar tu flingues aux lavabos
Quelque juge emportant ma tête sur un plateau
Quand tu branches les hélices de ma mémoire astrale
Sur les capteurs-influx de ta flamme initiale

  Je n'ai plus de mots assez durs pour te dire que je t'aime         (stop)


b f♯^g♯^f♯ e  (modulation)

      E
Quand les traces de Rorschach sur la tôle ondulée
        B
Servent aux maîtres à tester l'autochtone humilié
      C♯m
Quand sur la Moleskine des limousines en liesse
    B
Ils en rient en fumant la mucho cojones

      A
Quand les cris de l'amour croisent les crocs de la haine
     C♯m
Dans l'encyclopédie des clameurs souterraines
      B
Quand je rentre amoché, fatigué, dézingué
   C♯m
En rêvant de mourir sur ton ventre mouillé

          A       E          B         A              E
  Je n'ai plus de mots assez durs pour te dire que je t'aime

Quand dans la lumière sale d'un miroir tamisé
Tu croises l'oeil éphémère d'une salamandre ailée
Quand dans les brumes étales de nos corps transparents
Tu réveilles mes volcans lumineux du néant

Quand mes pensées confuses s'éclairent au magnésium
Sur les écrans secrets de ton pandémonium
Quand mes bougainvillés se mêlent aux herbes folles
Dans ta chaleur biguine au crépuscule créole

  Je n'ai plus de mots assez durs pour te dire que je t'aime

Quand les ombres du soir poursuivent sur la lande              (doux)
Le flash des feux arrières d'une soucoupe volante
Quand le soleil se brûle aux contours de tes reins
Parmi les masques obscurs d'un carnaval romain

Quand l'ordre des humains nous sert dans son cocktail
5 milliards de versions différentes du réel
Quand tu pleures essoufflée au creux de ma poitrine
Avec les doux murmures des fréquences féminines

  Je n'ai plus de mots assez durs pour te dire que je t'aime

  Je n'ai plus de mots assez durs pour te dire que je t'aime       (acoustique)

E